Tyafpuaf

"  Le travail ? Quand, dès l'enfance, les cours de lettres
contredisent ceux de mathématiques. Quand le rêve
n'est pas une science exacte. Quand on ne sait plus
comment aimer la vie quand on va au cinéma. Quand
il ne reste plus qu'à attendre les petits matins plutôt
que les grands soirs.
Travail.
Ca durera le temps que ça durera, mais je continuerai
à m'immiscer dans les sécrétions huileuses de la
machine, les parois graisseuses du système, en pensant
que le champagne est la réponse à toutes les questions
et que le fête est le dernier rempart contre le travail.
Ce que tu ne soupçonnes pas, petit homme qui se
fout de ma gueule, c'est qu'à l'instar du labeur, le
fête ne s'arrête jamais non plus. Que si l'on a du mal
à cerner l'essentiel, il nous reste une chance d'essayer
avec le futile. Commente te raconter qu'un soir plein
de flonflons et de folie ébrieuse, j'ai vraiment cru,
juste quelques secondes, posséder l'être du monde. Ces
rares moments de grâce où tout s'imbrique sans qu'on
sache vraiment quoi, peut-être un riff de guitare, un
sourire inconnu, le regard d'une belle, deux coupes
qui s'entrechoquent, une petite phrase impeccable, la
brutale évidence d'avoir un ami. Ca arrive sans
prévenir, ça dure le temps d'une étincelle, et ça s'oublie
au réveil. C'est pour la retrouver, chaque soir, que je
furète. En sachant mieux que personne que le piège
du lendemain m'attend déjà, béant, les mâchoires
grandes ouvertes.  "

Les morsures de l'aube   T. Benacquista

Vivante morte

Je me suis trompée de chemin .Y en a tellement .Perdue .Mais je vais troquer ma toque et mon tour de coup pour un sac et une guitare .On va partir .Revenir .S'en aller .Vivre pleinement, doucement .Rencontrer et découvrir .Et rêver .Construire .Tout le monde va se monter contre ça .Que c'est parce que je veux juste le suivre, que c'est peut-être qu'un amour de jeunesse .Mais ce n'est pas que ça .Si vous saviez .Allez vous lever quand les rues sont désertes, ou rentrez quand le monde étreint Morphée bien avant vous .Perdez votre temps, votre appétit .Une bonne hygiène de vie .Vos amis et surtout votre famille .Ne pas savoir comment vont vos proches parce que quand vous partez ils dorment ou sont déjà à travailler leur vie ; ou bien lorsque vous rentrez ils dorment déjà .Et je me suis sentie tellement seule ce matin, en voyant les lits déjà faits, les volets ouverts et un seul bol sur la table de la cuisine .
Moi la cuisine que j'adule, c'est celle où tu écumes des bouquins durant des heures, où tu cornes toutes les pages et où tu rêves à des repas .Où tu vas faire tes courses et où tu prépares doucement tes plats, seule, entre amis, avec ta mère ou ton frère .J'aime la cuisine et non les cuisines .Notez la différence .Vous ne pourrez jamais vraiment comprendre sans y être .Tout travail, toute tâche a ses avantages et ses inconvénients .Cherchez pour les cuisines .Ca m'est arrivé plusieurs fois de me sentir grandir, m'élever grâce aux fourneaux et à mon travail .Mais bref, tellement bref comme sentiment .Et il y a beaucoup plus de moments durs que d'agréables instants .Tu te fais gueuler dessus facilement, tellement facilement, s'en est écoeurant parce que certains jouissent de leur position .Hiérarchie de merde .Mais y a des gens chouettes heureusement, pour te donner du baume au coeur, et davantage l'envie d'aller devant ton plan de travail .
Tous parlent d'argent, de hauts postes, mais ce n'est pas ce que je recherche .J'ai perdu la foi .Je n'y crois plus vraiment .Il n'y a plus ce petit schweps dans mon bide . Cette envie de braver .De réussir .Je ne suis pas à ma place finalement .Et plusieurs fois j'ai douté .Mais beaucoup me disaient que ça viendrait avec le temps, que je commençais tout juste les cuisines. Et j'y croyais jusqu'à aujourd'hui .
Et ces doutes je les ai eus, je les ai, je les aurai encore .Si je continue les cuisines mais que je n'm'y sens pas tellement bien, que je n'y trouve pas de réel intérêt, que je ne trouve pas de sens, à quoi ça sert ?

Cliché, vivre d'amour et d'eau fraîche .J'aime à marcher, regarder le monde, écouter, respirer, fermer les yeux, passer du temps avec ceux que j'aime, ceux que je n'aime pas encore parce que je les connais à peine. Découvrir et apprendre des autres .Fouiller dans des livres, dans le regard des gens .Vivre sans trop savoir comment, juste sur les envies et les projets .Décider d'aller ici sans savoir lorsque je repartirai pour aller ailleurs et faire cela .S'enrichir d'expériences, de paroles, de sagesse grâce à ceux que l'on rencontre .Et ainsi trouver un sens, un petit chemin à suivre, avec des impasses et des détours, des boucles et des raccourcis .Je veux m'en aller .Et avec Lui je ne serais pas seule pour faire ce dont j'ai toujours eu envie, au fond de moi, que j'ai un peu enfoui .Deux parties de moi-même qui se confrontent .Je me débats tant bien que mal .Tiraillée par des envies qui ne peuvent pas se combiner .
Et je ne veux pas Le perdre .Pourquoi devrai-je laisser passer cette chance ? Je veux me battre, si je laissais toutes ses envies, tous ces projets, tous ces rêves s'échapper c'est que j'aurai beaucoup perdue de moi-même et de mes rêves .Je m'avouerai vaincue et je perdrai beaucoup .

Tout choix est un renoncement

Burning man
Festival in Nevada

Soif grandissante. Mes doigts pianotent, déambulent sur les notes de Yann Tiersen. Elève-toi. Bulle savonneuse qui éclate. S'arracher de la douceur quotidienne. Aller au-delà, à l'encontre du renouveau.

" Attends-moi "

Et tu oublies le reste. Les habitudes. Te soulageant d'un poids. Et tu découvres d'autres vagabonds, d'autres semeurs de vie. Construisez, rêvez, vivez ensemble.
Tu réussis à partir. Simplement, parfois brutalement, des fois trop longtemps.
Je rêve de l'échappée. Energie foisonnante dans le bide. Ca te le retourne, et en sortant dehors, tu vois Big Ben, la Sagrada Familia, des paysans vendrent des girolles sur les routes polonaises, la cordillière des Andes, des temples perdus, des monts enneigés.. Un autre soleil, des arbres, des nuages, des bruits, des oiseaux, une atmosphère, des regards, tous différents.

Allons-nous, compagnons de rêves.

La musique bouleverse.